- SITWELL (LES)
- SITWELL (LES)SITWELL LESLes Sitwell composent un groupe familial et littéraire qui illustre les lettres anglaises au cours du XXe siècle. Poète dont le style a été exactement décrit par le mot: «flamboyant», Edith (1887-1964) est la fille d’un baronet, dont elle hérita la fortune et toutes les excentricités (ses frères Osbert et Sacheverell n’ont pas réclamé leur part de ces dernières). Méprisée par sa mère qui ne partage point ses goûts pour le pittoresque théâtral et dédaigne son type de beauté hautaine, elle trouve en sa gouvernante un refuge et un guide poétique, car Helen Rootham était traductrice de Rimbaud.Avec ses frères, Edith Sitwell forme une manière de communauté littéraire qui aboutit à la publication d’une anthologie annuelle, Wheels (1916-1921), où les poètes «georgiens» sont ridiculisés au profit des jeunes du genre d’Aldous Huxley. Façade (1922) connaît un brillant succès sous la forme d’un récital public où vingt et un de ses trente-trois poèmes sont interprétés avec décors de John Piper et musique de William Walton (on peut citer, entre autres, «Fox Trot», «Hornpipe», «Trio for two Cats and a Trombone»). Admiratrice de Verlaine et aussi de Lewis Carroll et d’Edward Lear, Edith Sitwell s’est livrée à des expériences esthétiques extravagantes où la mélodie classique de Pope voisine avec des effets recherchés de synesthésie et des rythmes de jazz, surtout dans Gold Coast Customs (1929), où rites et musique nègre servent à dénoncer, ô paradoxe! la frivolité et la corruption de Mayfair, le «XVIe arrondissement» de Londres. Le contraste le plus surprenant de sa carrière est sa conversion au catholicisme, accompagnée d’un épanouissement poétique dû à la découverte des horreurs et des souffrances de la guerre. Ses trois volumes Street Songs (1942), Green Song (1944) et Song of the Cold (1945) doivent leur puissance à l’ampleur et à l’élan d’une inspiration épurée par la foi.Poète, essayiste et romancier, moins doué, mais aussi moins extravagant que sa sœur Edith, sir Osbert Sitwell (1892-1969) laisse une œuvre séduisante de grâce et d’esprit. Aristocrate jusqu’au bout des ongles et de ses paradoxes, il a foi en la démocratie à condition qu’elle comporte «le rationnement des cerveaux et la liberté obligatoire partout». Ses poèmes ont du mordant: il n’y a pas assez cultivé ses dons de satiriste, les réservant à ses nouvelles, à ses romans et à ses essais. Son œuvre marquante est constituée par les cinq volumes de son autobiographie, où son style brillant et souple fond à merveille souvenirs et opinions.Son frère, sir Sacheverell (né en 1897) lui succède comme sixième baronet. On ne peut ratifier le jugement d’Edith et voir en lui un grand poète, car ses quinze volumes, dont il a tiré Selected Poems (1945), ne font pas le poids. Ses écrits se rapportent surtout à l’art, à l’architecture, et comportent aussi de nombreux récits de voyage (Roumanie, Danemark, Malte).
Encyclopédie Universelle. 2012.